Les fondamentaux techniques partie 29 : le service slicé

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Le service slicé est généralement le premier service à effet enseigné, mais c'est également celui dont l'enseignement à le plus évolué durant les dernières années. En effet, combien d'entre nous ont appris ce service en essayant d'appliquer ces trois consignes (pour un droitier) :

 - lancer la balle légèrement à droite
 - chercher à enrouler la balle sur le coté
 - Accentuer l'effet par une supination de l'avant bras.

Pendant de nombreuses années, ces trois points ont été considérés comme les fondamentaux techniques du service slicé. Parler par exemple de service slicé avec une action de pronation de l'avant bras vous faisait passer pour un mauvais enseignant voire pour un illuminé. Seulement, certains de ces fondamentaux ont été progressivement mis à mal avec l'amélioration de la définition des vidéos et des ralentis. Ainsi, dans le livre édité par l'ITF en 2009, "Technique development in tennis stroke production", l'auteur écrit à propos du service slicé : "vous ne devez pas frapper autour de la balle, mais à travers avec le tamis de la raquette inclinée".
De plus, difficile aujourd'hui de parler d'une seule technique de service slicé alors que l'on sait qu'il existe deux grands types de services au niveau biomécanique : le service rotationnel et le service en translation. 

Dans cet article, je vous propose dans un premier temps de casser certaines croyances pédagogiques et en particulier de la supination, puis de détailler les fondamentaux techniques possibles pour effectuer une service slicé en fonction de la mécanique préférentielle de votre service.
 

1. Casser le mythe de la supination                                                                                  

Parmi les mythes concernant la techniques du tennis, celui de la supination de l'avant bras pour un service slicé est peut être celui qui est le plus ancré dans les mentalités. Pourtant, il suffit d'observer la mécanique du service pour se rendre compte que cela est juste impossible à réaliser :




Sur la première photo de Roger Federer, nous prenons le geste au milieu de la boucle. L'avancée du coude et de l'épaule ont provoqué la chute de la raquette dans le dos en provoquant naturellement une rotation externe de l'épaule et une supination de l'avant bras ce qui va provoquer une mise en tension des rotateurs internes de l'épaule et de l'avant bras. Cette phase est fondamentale pour obtenir de la puissance tout en assurant un bon relâchement global du geste.

Sur la photo 2, nous pouvons voir que la raquette est projetée par la tranche ce qui montre que l'avant bras est resté en supination.



Sur la 3ème photo, nous pouvons voir le tamis de la raquette du joueur suisse qui se tourne vers la balle par une pronation de l'avant bras et une rotation interne de l'épaule. Ainsi, comment serait-il possible de cumuler cette action de rotation interne de l'épaule et de l'avant bras juste avant l'impact, une action de supination juste après la frappe ? C'est impossible car la tête de raquette une fois lancée ne peut plus changer de direction. Il est donc mécaniquement impossible de continuer à envisager que le service slicé peut être effectué grâce à une supination de l'avant bras à moins de suppirmer la boucle.
 

 2. Service slicé avec un service en translation                                                                 

La mécanique des services en translation produit de la vitesse de tête de raquette en grande partie de manière linéaire. La ligne des appuis est à environs 90° par rapport à la ligne de fond de court, tout comme la position de la ligne des épaules qui va se située entre 75 et 90°. Souvent, on peut observer chez ces joueurs un relais d'appuis afin de créer un déséquilibre avant plus important. Rafael Nadal, Andy Murray ou encore Goran Ivanisevic 

 

Au niveau mécanique, la raquette va être projetée prioritairement vers l'avant provoquant un accompagnement nettement à l'intérieur du terrain. Détaillons le service slicé de Gaël Monfils :
 

- La position armée :

Photo 1 : La ligne des appuis est à 90° par rapport à la ligne de fond de court. La ligne des épaules est un peu plus fermée, approximativement 75°.
 

- La projection de la raquette :

Photo 2 : La raquette tombe dans le dos du fait de l'avancée du coude lors du déclenchement du geste. La poussée des jambes importante permet une  rotation externe maximale de l'épaule et de l'avant bras (supination)




Photo 3 et 4 : La raquette remonte vers la balle par la tranche. Cette position de la raquette montre que l'avant bras est encore en supination et l'épaule en rotation externe.

Photo 5 : La frappe est effectuée bras tendu vers le haut. Le tamis de la raquette se présente quasiment face à la balle par une action conjuguée de rotation interne de l'épaule et de pronation de l'avant bras.
 

- La frappe :

 

Photo 6 : La balle est frappée légèrement en avant du corps, à 12h si l'on prend le repère d'une horloge. On peut remarquee que la balle est frappée légèrement sur le coté droit, la raquette étant légèrement oblique par rapport à la balle. C'est cette zone d'impact et cette orientation du tamis qui va permettre de produire l'effet slicé.

- L'accompagnement :

Photo 7 : L'accompagnement est effectué nettement en avant. La tamis de la raquette a traversé la balle nettement de l'arrière vers l'avant. La position de la raquette tamis vers le sol que les actions de pronation de l'avant bras et de rotation interne de l'épaule continuent même après la frappe.



Photo 8 et 9 : La raquette revient sur le coté opposé du corps. L'accompagnement très en avant du corps à provoqué le passage de l'épaule droite nettement devant l'épaule gauche ce qui est caractéristique d'une mécanique de service en translation vers l'avant.

Le service slicé de Gaël Monfils est mécaniquement assez proche de son service à plat. Seul le point de contact avec la balle et l'orientation du tamis à l'impact différents pour produire l'effet slicé.

 

 3. Service slicé avec un service rotationnel                                                                      

Ce type de service est caractérisé par une de vitesse de tête de raquette produite en priorité par les rotations des différentes parties du corps : hanches, épaules, rotation interne de l'épaule et de l'avant bras.
On trouve généralement chez les joueurs l'utilisant des appuis fermés voire très fermés, une position des épaules lors de la position du trophée quasiment parallèle à la ligne de fond de court et une technique en appuis fixes qui permettent de bloquer la position des hanches et de la ligne des épaules. John Mc Enroe, Pete Sampras ou aujourd'hui Roger Federer en sont les représentant les plus marquant.

   

Nous pouvons trouver également certains joueurs en relais d'appuis utilisant ce type de service, le pied avant étant parallèle à la ligne de fond de court et le pied arrière revenant latéralement et non de l'arrière vers l'avant. Prenons par exemple Marat Safin :



Au niveau mécanique, cet type de service va provoquer une projection de la raquette de la gauche vers la droite (pour un droitier) ce qui fait que la raquette va au final très peu rentrer dans le terrain mais partir sur le coté pour revenir ensuite le long de la ligne de fond de court lors de l'accompagnement. Pour la production de slice, cette mécanique va avoir une conséquence importante, en particulier sur le point de contact. Intéressons-nous au service slicé de Roger Federer :

- La position armée :

Photo 1 : Nous pouvons noter la position fermée des appuis de Federer, les épaules quasiment parallèles au filet et le pied placé en barrage. La ligne des appuis est à environs 35° par rapport à la ligne de fond de court.

- La projection de la raquette :

Photo 2 : La projection du coude et de l'épaule vers l'avant provoque la chut de la raquette dans le dos. La raquette pointe vers le sol, et à ce moment là, l'avant bras et l'épaule sont en rotation externe maximale permettant ainsi la mise sous tension des rotateurs internes.




Photo 3 : La raquette commence sa remontée vers la balle. Notons que la raquette est projetée par la tranche montrant encore à cet instant un avant bras en supination

Photo 4 : Juste avant l'impact, Federer réalise une rotation interne de l'avant bras (pronation) et de l'épaule. On peut noter également que la balle a été lancée devant le joueur suisse légèrement dans le terrain. On parle d'un lancer à 12h si l'on prend le repère d'une horloge.
 

- La frappe :

Photo 5 : L'impact est réalisé sur la gauche de la balle (à 9h), bras tendu vers le haut afin de gagner en sécurité par rapport au filet.

Photo 6 et 7 : La raquette continue sa trajectoire nettement latérale (de 9h vers 3h).



Photo 8 : Nous pouvons observer une rotation interne importante de l'épaule en plus de la pronation caractérisées par cette position du tamis de la raquette. Ainsi la face du tamis ayant frappé la balle se retrouve quasiment face au grillage de fond de court.

- L'accompagnement :

 

Photo 9 et 10 : la raquette revient du coté opposé du corps le long de la ligne de fond de court ce qui montre une faible traversée de l'arrière vers l'avant

Ce qui est frappant lorsque l'on regarde ce service slicé de Roger Federer c'est que mise à part le point de contact de la raquette avec la balle qui est un peut plus en avant du corps, la mécanique gestuelle est en tout point identique à celle qu'il utilise pour produire un effet lifté. C'est également ce qui rend son service tellement compliqué à lire et à relancer.
 

 4. L'utilisation du service slicé                                                                    

L'intérêt premier du slice au service est de proposer une trajectoire de balle incurvée et donc difficile à lire pour le relanceur. En fonction de la zone visée, un service slicé peut avoir pour objectif soit de sortir l'adversaire du court, ou soit au contraire de le fixer. Pour un joueur gaucher, le slice est avantageux car permet de trouver facilement le revers adverse

 

Une deuxième option efficace dans l'utilisation du slice est de chercher à jouer rentrant sur l'adversaire. En effet, la trajectoire incurvée peut rendre le dégagement du relanceur difficile et donc donner un réel avantage au serveur. A noter que cette solution peut constituer une bonne alternative en seconde balle en variation ou si l'on ne maîtrise pas le service lifté car elle a l'avantage de ne pas ouvrir les angles tout en proposant une balle difficile à négocier.


 

 5. Conclusion                                                                    

En première comme en seconde balle, le service slicé doit faire partie intégrante de la panoplie du joueur de compétition. Assez facile à apprendre si la technique de base du service est maîtrisée, c'est généralement le premier effet enseigné du fait de la simplicité de son apprentissage.

Toutefois, comme nous avons tenté de le montrer dans cet article (et qui est d'ailleurs valable pour d'autres coups), les anciennes croyances pédagogiques concernant ses fondamentaux ont la vie dure et il convient de lutter contre elles afin de faciliter l'apprentissage du slice en fonction de la mécanique préférentielle de son service, liée à la latéralité propre à chacun.

 

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