La confiance en soi - Par Antoni GIROD

Vendredi 19 Octobre 2012

J'ai décidé de vous faire partager aujourd'hui un excellent article d'Antoni GIROD, paru dans la revu "ITF COACHING AND SPORTS SCIENCE REVIEW n° 25 de décembre 2001.

L’impact que la confiance en soi peut avoir sur le jeu d’un joueur est tout simplement étonnant. Un manque de confiance en soi peut transformer le numéro un mondial en joueur ordinaire. A l’inverse, lorsqu’un joueur sur la mauvaise pente reprend légèrement confiance en lui, cela peut l’aider à réaliser des performances que personne n’aurait pu imaginer. Cela relève de l’alchimie : la confiance en soi agit comme un véritable catalyseur qui transforme le plomb en or ou permet de soudains revirements à peine croyables.

Qu’est-ce que la confiance ?




Pour simplifier, il s’agit d’un état interne particulier qui nous permet de développer au maximum notre potentiel, voire d’aller au-delà. Trois mécanismes principaux participent au développement de la confiance en soi :
Il y a d’abord ce que l’on appelle le processus de l’accumulation. Il s’agit d’une réaction en chaîne qui nécessite des sensations de réussite pour pouvoir s’enclencher. C’est cette série de succès, dans un premier temps à l’entraînement puis en compétition, qui permet au joueur de développer sa confiance. Il sait qu’il peut compter sur ses coups et sur sa condition physique. Il sait qu’il peut remporter des points, des matches et des
tournois. La confiance par accumulation se nourrit de séries continues de succès. Elle exige des résultats concrets pour pouvoir grandir.

Il y a quelques années de cela, Andre Agassi était à la recherche de sa confiance perdue. Des victoires dans des petits tournois lui avaient permis de recharger ses batteries. Une place de finaliste au tournoi de Las Vegas en novembre, immédiatement suivie d’une victoire au tournoi de Burbank en Californie l’avaient remis sur les rails. Les résultats qu’il avait obtenus en début d’année suivante traduisaient bien cette reprise de confiance : un 4ème tour à l’Open d’Australie, une victoire à Scottsdale, puis une autre à San Jose (en battant Pete Sampras), une place de quart de finaliste à Indian Wells et enfin une place de finaliste au Lipton Championships
de Key Biscayne.

ACCUMULATION DE SUCCES ➱ CONFIANCE


Ensuite, il y a le processus de la révélation. Ceci peut se produire après une victoire significative obtenue à l’occasion d’un match au cours duquel l’intensité émotionnelle atteint un tel degré que le joueur en retire un sentiment de confiance très intense. A partir de ce moment là, le joueur commence à aborder ses matches dans un état d’esprit très positif. Dans le cas de Patrick Rafter, sa victoire en coupe Davis sur Pioline en février 1997 lui avait véritablement ouvert les yeux.

Mené deux sets à rien, il avait réussi à renverser la situation pour remporter le match et donner un point décisif à son équipe. A l’époque, il était classé à la 63ème place mondiale. Ses résultats de 1997 ? Une demi-finale à Roland Garros, une victoire à l’US Open et une deuxième place mondiale,  ce qui constituait alors le meilleur classement de sa carrière (il allait l’améliorer par la suite pour se retrouver numéro un mondial en 1999).

SUCCES +++ ➱ CONFIANCE


D’un autre côté, une révélation peut également intervenir à la suite d’une expérience négative de forte intensité qui déclenche chez le joueur un sentiment de fierté, à condition que ce dernier ait le potentiel suffisant pour réussir.

En 1998, Nicolas Escudé, classé 406ème joueur mondial au début de l’année 1997, a déclaré que les succès de joueurs tels que Kuerten, Rios et Costa, qu’il avait l’habitude de battre lorsqu’il avait 16 ans, lui avaient brusquement fait prendre conscience de son véritable potentiel. A l’issue de l’Open d’Australie de 1998, son entraîneur Tarik Benhabiles a parlé de l’événement qui avait provoqué cette prise de conscience chez son
élève :

« Il avait toutes les chances de réussir. Il ne lui manquait juste que ce petit plus pour réaliser ce dont il était capable. il y a un an environ alors qu’il disputait un tournoi satellite à Montrouge. Il venait de perdre contre Olivier Malcor (alors classé -30). Il était anéanti, il avait atteint le fond du gouffre. Après ce match, on a bossé comme des fous sur le court pendant quatre heures et demie. Dans sa tête, la défaite n’était plus que de l’histoire ancienne ».

Entre le Nicolas Escudé qui jouait et perdait le tournoi satellite de Montrouge en février 1997 et le Nicolas Escudé qui atteignait les demi-finales de l’Open d’Australie en 1998, une année à peine s’était écoulée. Sur le plan technique, il est peu probable que son jeu avait subi d’importantes modifications dans un laps de temps aussi court. Comment expliquer alors ce renversement de situation ? La différence se situe ailleurs : elle se trouve à
l’intérieur du joueur. Le joueur français a commencé à développer sa confiance. La comparaison des maigres résultats qu’il avait obtenus jusqu’au début de l’année 1997 (jusqu’à sa défaite à Montrouge) avec ceux, brillants, des joueurs qu’il battait lorsqu’il avait 16 ans a véritablement stimulé sa confiance. Il s’est soudainement mis à croire en lui.

REUSSITE INITIALE + ECHEC ➱ CONFIANCE


Enfin, il y a le processus de la croyance en soi fondamentale. Il s’agit d’une confiance en soi inconditionnelle et intrinsèque. Ce type de confiance n’a pas besoin de facteurs de motivation externes pour se manifester. Le joueur a une foi aveugle en ses possibilités, quels que soient ses résultats. Sa confiance semble indestructible et permanente. Il possède une foi absolue en son potentiel et se sert de cette croyance fondamentale pour
réussir. Elle dicte jour après jour ses décisions, ses méthodes d’entraînement et son comportement sur le court.

Venus Williams est sans aucun doute la joueuse qui symbolise le mieux cette croyance en soi fondamentale. Elle a la ferme conviction qu’elle sera la prochaine joueuse classée à la première place mondiale. Elle ne cesse de le répéter depuis sa première apparition sur le circuit WTA. Mais surtout, elle ne cesse de se le dire à elle même. Elle croit fondamentalement en elle même, en son talent et en son potentiel. Au vu de ses récentes victoires consécutives à Wimbledon et à l’US Open, il est clair que ce type de croyance porte ses fruits.

Dans soncas, la confiance n’est pas consécutive à la réussite. Bien au contraire. Et c’est cette caractéristique qui distingue sa confiance de celle que nous avons abordée précédemment.

CROYANCE +++ ➱ CONFIANCE ➱ SUCCES


Voici cinq méthodes efficaces pour construire, développer et conserver la confiance en soi :

1. Utilisez l’auto-persuasion à tout moment (surtout pendant les périodes de doute). Par exemple, choisissez une formule positive sur votre service ou votre retour de service. Vous devez ensuite vous la répéter à maintes reprises, comme un leitmotiv. Il peut s’agir de formules telles que :« Mon service est mon véritable point fort » ou « Mon retour de service est mon véritable coup fort ». Ces affirmations positives auront une influence positive sur vos méthodes d’entraînement et sur votre façon d’aborder votre jeu en match.

2. Suivez un programme de préparation physique, technique et tactique complet. Un joueur est capable d’acquérir énormément de confiance lorsqu’il est bien préparé. Il sait qu’il peut compter sur lui-même et croire en ses capacités en match.

3. Mémorisez les expériences positives. Le joueur doit mémoriser chaque coup qu’il maîtrise à l’entraînement. Il pourrait bien s’agir du premier maillon de la chaîne de confiance. Tous les points qu’un joueur gagne dans un match, toutes les victoires, surtout lorsqu’elles sont obtenues dans des conditions difficiles, doivent également être mémorisés. Pour cela, le joueur peut employer les méthodes suivantes :

     a. Parlez-vous de manière positive après chaque réussite significative (par exemple, « allez ! »). Vous pouvez également vous encourager à voix haute.

     b. Ayez des gestes rituels après chaque point important réussi (par exemple, serrez le poing).

     c. Prenez une « photo mentale » du point que vous venez de réussir.

     d. Développez des routines d’après match : dans un carnet, notez toutes les réussites importantes que vous avez connues pendant le match afin de les graver dans votre mémoire.

4. Sachez reconnaître les réactions et les signes négatifs. Les signes suivantstraduisent le doute d’un joueur :

     • Formules négatives (« Je suis nul »).

     • Langage corporel négatif : tête, yeux, raquette et épaules penchés vers le bas, souffle rapide, comportement léthargique, etc.

     • Images mentales incessantes de coups ratés, de matches perdus, etc.

Dès qu’un signe négatif apparaît, il est important de se rendre compte que l’on connaît un moment de doute pour pouvoir relativiser les choses. Il faut alors chasser toutes les pensées négatives en revenant à des formules ou à des opinions positives. Pour y parvenir, il est nécessaire d’activer les aspects positifs qui ont été mémorisés (voir point 3).

A la suite d’une défaite ou d’un match que vous avez gagné en jouant mal, il est également important de prendre l’habitude de noter sur papier, de façon objective et le plus tôt possible, toutes les choses qui n’ont pas marché. Vous devez apprendre à tirer les enseignements de vos erreurs pour éviter de les répéter. Notez dans votre carnet le type d’attitude positive que vous devez développer à l’avenir, puis débarrassez-vous de la feuille. C’est un excellent moyen d’apprendre de ses erreurs de façon positive tout en se libérant des doutes que l’on pourrait avoir.

Terminez cette routine en lisant de nouveau la liste de vos réussites passées afin de renforcer vos pensées positives.

5. Faire semblant. Si j’avais confiance en moi, comment est-ce que je me sentirais ? Quelle serait mon attitude ? Comment est-ce que je marcherais ?

L’astuce consiste à reproduire la posture (tête relevée, regard dirigé droit devant soi, épaules en arrière et amples), les gestes (marcher d’un pas confiant, gestes sûrs), le rythme et l’amplitude respiratoires, ainsi que le tonus musculaire qui symbolisent la confiance en soi. Vous devez vous identifier à la personne que vous souhaitez être : un joueur de tennis qui croit en lui. Il est toujours surprenant de constater l’efficacité de cette technique en match et la rapidité à laquelle elle marche !

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