Les 4 niveaux de compétiteurs

Dimanche 17 Décembre 2023
Les 4 niveaux de compétiteurs


Qu'est ce qu'un compétiteur ?

Cette question se pose souvent lorsque l'on observe les joueurs à l'entraînement, en tournoi ou en rencontres par équipes. Plus précisément, la question que l'on peut se poser est : un compétiteur est il quelqu'un qui fait de la compétition, qui joue des matchs officiels ou cette notion renferme t-elle d'autres aspects ?

Dans le langage courant, on qualifie de compétiteur un sportif qui se bat jusqu'au bout, qui va tout donner pour remporter la victoire, qui va s'encourager, serrer le point ou encore multiplier les "Allez !!". Seulement, limiter la notion de "compétiteur" aux moment de compétition ou au nombre de matchs officiels n'est-il pas trop réducteur ?

Je vous propose dans cet article une intervention de Robert Saleh, coach de l'équipe NFL des Jets de New York filmée dans le programme NFL Hard Knocks cette été, dans laquelle il détaille ce que sont pour lui les 4 niveaux de compétiteurs

Pour préciser le contexte, ce programme suit une équipe durant son camp de pré-saison durant lequel une équipe va mettre en compétition plus de 90 joueurs, anciens de l'équipe ou nouveau postulants, pour au final en garder seulement 53 pour la saison. Chaque joueur doit se donner à fond à la fois à l'entraînement mais également lors des matchs de pré-saison afin de ne pas se faire "couper" et voir ses espoirs de jouer dans l'équipe s'évanouir. Dans cet épisode, les joueurs offensifs s'agacent contre l'équipe défensive car ils estiment que ces derniers sont trop agressifs lors des phases de confrontation et un début de bagarre éclate. Robert Saleh réunit le lendemain l'ensemble des joueurs et réalise cette intervention pour : 


Robert Saleh, NFL Hard Knockx : pré saison 2023, épisode 3. 



Crédit image : https://www.sandiegouniontribune.com


Introduction :  


"Les 4 niveaux de compétiteurs représentent une mentalité, un état d'esprit sur lequel on a un contrôle complet. Les facteurs externes comme les qualités intrinsèques, les blessures n'ont pas d'incidences sur le niveau dans lequel on se situe. 

Quels sont ces quatre niveaux ? 

 - les survivants
 - les prétendants
 - les compétiteurs
 - les commandants

Chaque personne appartient à une de ces 4 catégories


 

Les survivants

Tout en bas, il y a les survivants. Le survivants fait juste le nécessaire pour tenir le coup. Il traverse les choses mais ne maximise pas ses capacités mentales pour progresser. 

Les sportifs dans ce groupe aiment choisir la facilité et ils sont tellement misérables qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour entraîner les autres vers le bas avec eux

Ce qui est triste c'est que chaque organisation possède au moins un joueur comme celui là et je vous promets que vous ne pouvez pas vous cacher... 

Un survivant n'atteint jamais son plein potentiel.


 

Les prétendants : 

Le prétendant est quelqu'un qui est motivé par des facteurs externes comme le temps de jeu, l'argent la célébrité ou un rival.

Il ne peut atteindre son plein potentiel seulement si son facteur de motivation externe est menacé. 


 

Les compétiteurs : 

Le troisième niveau, celui que nous recherchons, est celui des compétiteurs. 

Un compétiteur est quelqu'un qui est motivé intrinsèquement pour être à son maximum peu importe la situation. sa position dans la hiérarchie, l'argent, la célébrité ne changent rien. Il essaye d'être toujours le meilleur possible. 

Il ne peut pas être influencé car il maximise déja son potentiel, il essaye de faire mieux chaque jour de sa vie. Il a une mentalité de champion et quand vous avez cette mentalité, vous embarrassez ceux qui ne s'investissent pas et vous faite passer les joueurs de talent pour des "monsieur tout le monde". 


 

Les commandants : 

Les commandants ont tout ce que possèdent les compétiteurs à une exception : ils tirent les personnes avec eux pour les aider à atteindre leur plein potentiel. 


De quel groupe faites-vous partie ? Je vous promet que vous ne pouvez pas vous cacher. 

Ne soyez pas à réaction parce que vos adversaires vous mettent en difficulté. Soyez à 100% dès le départ. Vos coéquipiers sont à fond, remerciez-les pour vous pousser à sortir de votre zone de confort. Notre mentalité, c'est que nous sommes meilleurs tous ensemble. 

Nous voulons un groupe de compétiteurs, un groupe intrinsèquement motivé à être au maximum de leur potentiel. C'est un standard, une façon de vivre, c'est que vous êtes, votre ADN. "

 
Exigence et intensité : 
Cette analyse de Robert Saleh prend tout son sens dans ce que nous pouvons observer à une échelle plus proche de nous : Combien de joueurs se disent compétiteurs dans nos clubs mais au final ne vont pas avoir cette mentalité les poussant à se dépasser à l'entraînement pour progresser, et ce quelque soit les conditions ? 

La lecture du témoignage de Richard Gasquet concernant ses entraînements avec Rafael Nadal en 2014 nous permet de prendre conscience du fossé pouvant séparer les pourtant très bons joueurs des légendes du jeu (source www.tennisactu.net) : 

"Il a tellement d'énergie ! Il n'arrête jamais. Quand tu vois ça tu comprends tout. L'intensité qu'il met dans son travail devient une sorte de routine pour lui. Et Tony ne laisse rien passer. Lundi à 19h, il n'avait toujours pas fini. Il était à la salle de musculation. C'est incroyable le jus qu'il a [...] Avec Nadal, aucune balle frappée ne l'est pas à 1000%. On frappe un nombre énorme de balles. Ici, on attend de vous une grande exigence"

Exigence et intensité, autrement dit s'entraîner dur pour rendre la compétition plus facile semble être un point commun à tous les grand champions, quelque soit la discipline. Usain Bolt en est un parfait exemple lui que l'on voyait si détendu et souriant lors des grandes compétitions mais pouvais aller jusqu'à vomir lors de ses séances d'entraînement tellement elles étaient difficiles... L'envers du décors des sportifs de haut niveau et les sacrifices que cela implique n'est malheureusement pas assez connu du grand public. 


      


Et pourtant aujourd'hui malgré ces exemple, combien de jeunes joueurs (ou moins jeunes !!) dans la centres d'entraînement des clubs, des académies ou des fédérations peuvent prétendre rentrer dans la catégorie des compétiteurs ? Combien se trouvent des excuses pour ne pas se donner à fond à l'entraînement (douleurs, fatigue, les conditions, les partenaires, etc...) ? Combien vont avoir des objectifs de victoires, de classement mais sans vouloir se donner les moyens à coté pour parvenir à les réaliser (temps d'entraînement trop faible, intensité suffisante, pas de préparation physique en dehors des entraînements tennis, hygiène de vie désastreuse) ? 

L'importance de l'état d'esprit : 
 
Dans les processus de détection, l'accent est souvent mis sur la recherche de "talent sportif" ou encore selon les qualités physiques des jeunes. Pourtant, en lisant cette analyse des 4 niveaux de compétiteurs, il semblerait prometteur de prendre en compte également l'état d'esprit des jeunes observés car une des clés du succès semble être la capacité du sportif à supporter les charges de travail et à rechercher la progression tout au long de sa carrière. 

Cette mentalité doit se développer dès le plus jeune âge et pour cela il faut impérativement valoriser la notion d'effort, de mérite, de progression et ne pas prendre seulement en compte les résultats. Il faut habituer le sportif dès le plus jeune âge à mériter ce qu'il obtient, et à dépasser ses limites pour lui même et non pour quelqu'un ou pour ce qu'il pourrait en retirer. 

Patrice Hagelaeur expliquait d'ailleurs la réussite de Novak Djokovic : 
"la différence entre les grands champions comme Novak Djokovic et les autres, c’est l'ambition qui vient très tôt. La vraie ambition, celle que l’on voit sur le terrain ou à l’entraînement. Pas celle que l’on affiche dans les médias en disant qu’on veut devenir le numéro 1 mondial" 


Crédit image : Novak Djokovic - photo SIPA

Et c'est effectivement la différence entre les joueurs qui resteront à jamais des espoirs du tennis et ceux qui en deviennent les légendes. Définir un objectif est assez facile, mettre en oeuvre les moyens pour les atteindre l'est beaucoup moins car demande du temps, beaucoup d'effort et de sacrifices. Arnaud Clément précisait à propos du joueur serbe : "La manière dont il s'entraîne, récupère, s'alimente, s'hydrate... Toute sa vie est orchestrée autour du tennis"

Etre un compétiteur demande donc des sacrifices. Atteindre des objectifs élevés se fait pas sans efforts et sans concessions et ce facteur devrait rentrer en ligne de compte dans la détection des jeunes. Tous les jeunes détectés ont le potentiel pour bien jouer au tennis, parfois même au plus haut niveau, mais combien d'entre eux ont une réelle mentalité de compétiteur, cette réelle envie de progresser pour atteindre son véritable potentiel ? 

Rafael Nadal nous montre la voie malgré ses 37 ans et l'ensemble de sa carrière : "Je ne vais pas à l'entraînement chaque jour pour m'entraîner, je vais à l'entraînement pour apprendre quelque chose". Jon Grunden, un entraîneur officiant en NFL chez les Raiders en 2019 allait dans le même sens lorsqu'il demandait à ses joueurs de "devenir meilleur de 1% à chaque entraînement, chaque jour"

 

Conclusion : 
 

Il semble bien y avoir une différence marquée entre faire de la compétition et être un compétiteur. Etre compétiteur quand on prend l'analyse de Robert Saleh, c'est avant tout adopter un état d'esprit d'exigence, d'intensité à l'entraînement et de recherche de progression constante. C'est également être reconnaissant envers les adversaires ou les coéquipiers qui vous poussent à sortir de votre zone de confort pour devenir meilleur chaque jour. 


Etre compétiteur c'est donc avant tout développer un état d'esprit dès le plus jeune âge et c'est là que l'entourage de l'enfant prend toute son importance afin de développer les qualités nécessaires à atteindre pour l'aider à atteindre une motivation d'innovation, pré-requis à l'apprentissage : abnégation, confiance en soi, curiosité, résilience, goût de l'effort. (voir article : https://www.votretennis.org/article-144889-motivation-et-apprentissage.html ).


Crédit imagehttps://www.sylvain-seyrig-coach.fr/zone-de-confort-definition-schema-en-sortir


Il faut également avoir conscience que progresser prend du temps et que parfois le travail réalisé ne porte pas ses fruits immédiatement en terme de résultats. La capacité à être patient en terme de "retour sur investissement" et de ne pas tout remettre en question dès la première contre performance est également une des caractéristiques du compétiteur. 


Cette analyse du coach américain ne se cantonne pas au monde sportif et semble pouvoir s'appliquer au monde du travail et au monde scolaire. 

Et vous ? Quel compétiteur êtes-vous ? 



 

Bibliographie et sitographie : 

 
Vous pouvez retrouver la vidéo de l'intervention de Robert Saleh ci-dessous : 

Vous pouvez également retrouver l'intégralité de la saison de l'émission sur le site de replay W9 : 

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