Comment gagner (ou perdre) avant de rentrer sur le terrain

Jeudi 15 Mai 2014


@tennishouse.fr

Jouer un match de tennis est un combat entre deux adversaires possédant leurs propres armes. A l'issue du match , le perdant explique souvent  que tel(s) coup(s) manqué(s) lui a coûté la victoire mais il est plus rare de l'entendre dire qu'il a perdu le match avant de rentrer sur le terrain. Toutefois, ce phénomène arrive bien plus souvent qu'on ne le pense, en particulier au niveau amateur chez qui la préparation du match est réduite au strict minimum.

Dans son livre Winning Ugly, Brad Gilbert explique d'ailleurs en détail la manière dont il abordait chaque rencontre et qui lui a permis de monter jusqu'à la 4ème place mondiale alors qu'il était considéré par ses pairs comme un joueur sans talent (pour être gentil)...

Je vous propose dans cet article un tour d'horizon de la façon de préparer au mieux un match, non pas pour gagner à coup sûr, mais pour augmenter ses chances de gagner et éviter dans tous les cas de faire un mauvais match.
 

Durant l'entraînement, mettre de l'intensité et travailler SON jeu

Il faut garder à l'esprit que l'on joue en match officiel comme on s'entraîne. Le joueur doit essayer au maximum de se rapprocher de l'intensité du match à tous les entraînements et surtout chercher à installer SON Jeu. Trop souvent le joueur se permet de jouer avec une faible intensité en expliquant qu'il fera plus l'effort en match ou encore mettre ne place des schémas de jeu qu'il n'utilise pas en expliquant que l'entraînement c'est fait pour tenter de nouvelles choses. Si l'entraînement doit être le moment favorable au travail de nouveaux coups ou schéma, il est primordial avant tout de travailler son schéma de jeu préférentiel et ses coups forts. On peut garder en tête cette phrase : "travailler les coup faibles, mais également les coups forts qui ne le sont jamais assez".

De plus, l'intensité est la base de tout bon entraînement. Ivan Lendl lorsqu'il a commencé à travaillé avec Andy Murray expliquait qu'il avait pris pour habitude de la faire jouer à 2 contre 1 pour l'obliger à mettre de la qualité dans toute ses frappes, et que cette habitude s'était vite retrouvée en match. Dans la même idée, Stan Wawrinka expliquait récemment qu'il manquait aux joueurs français la faculté à être à 100% tout le temps, en particulier à l'entraînement pour devenir des vainqueurs de grand chelem potentiels... 
 

Des matchs d'entraînement avec des partenaires variés

Varier les partenaires en face de soit, c'est aussi varier les styles de jeu, les qualités de coups, le niveau global bref, c'est habituer son système neuro musculaire à jouer des balles de qualités différentes. De ce fait, la capacité d'adaptation sera bien plus importante ce qui est primordial au tennis qui est une activité à habileté motrice ouverte.

De plus, varier les partenaires, c'est également se confronter à des joueurs ayant des comportements différents sur le terrain : le calme, le nerveux, le mou, le speed, le joueur sympa et fair-play, le tricheur antipathique... Combien de joueurs ont expliqué être déconcentrés par un adversaire colérique ou tricheur ? Jouer ce genre de personne s'apprend, on peut même mettre en place des jeux de rôle durant les entraînements si nécessaire.

La devise première du judo : "l'adversaire est l'ami qui me fait progresser" prend au tennis également tout son sens.
 

Choisir son matériel

Le choix du binôme raquette / cordage est très important pour un joueur de tennis car va être en liaison directe avec la main. Seulement, on s'appeçoit vite en regardant sur les courts que plus de la moitié des joueurs ne jouent pas forcément avec des raquettes convenant à leur niveau de pratique ou à leur jeu, en particulier chez les jeunes : raquette trop lourde, tamis trop petit donc trop exigeant, cordage inadapté et posé parfois à des tensions démesurées...

La raquette :

Elle doit bien sûr vous convenir lorsque vous jouez bien... mais encore plus lorsque vous êtes un peu moins bien. Ainsi, prendre une raquette trop exigeante peut vite être nuisible sur l'ensemble d'une saison même si elle vous permettra sans doutes quelques coups d'éclat. La taille moyenne de tamis du top 10 ATP aujourd'hui se situe entre 630 et 645 cm². Même Roger Federer pourtant adepte des très petit tamis est désormais passé cette saison sur un cadre à tamis élargit avec le bonheur que l'on sait sur le début de l'année.

Choisir une raquette c'est avant tout chercher le meilleur compromis possible pour votre jeu : qu'elle vous permette de jouer vos coup fort de manière efficace et qu'elle ne pénalise pas plus vos coups faibles. L'important est de tester avant d'acheter, si possible sur une période assez longue pour se faire une idée précise, le mieux étant de réaliser des matchs d'entraînement avec. Ne cédez jamais sur un coup de tête après un essai de 10 minutes...

Le cordage :

C'est un peu le coeur de la raquette, donc s'il n'est pas adapté à vos besoins, il peut vite se retourner contre vous. Si vous cassez peu ou pas, privilégiez des multifilaments ou du boyau qui vont vous apporter confort et absorption des vibrations. Si vous cassez souvent, un monofilament peut être envisagé et vous apportera contrôle de balle et résistance, mais au détriment du confort. Pour les enfants avant la fin de la croissance, éviter au maximum les monofilaments qui peuvent abîmer le cartilage et provoquer des pathologies tendineuses.

Concernant la tension, méfiez-vous des préconisations souvent indiquées sur votre raquette car ne correpondent pas forcément à votre jeu ou au cordage que vous utilisez. Un professionnel sera normalement à même de vous aiguiller correctement, vous pouvez également demander conseil sur les forums spécialisés tennis tels que Tennis Classim où des professionnels répondent précisément à vos questions.

Dans tous les cas, il convient de changer de cordage assez régulièrement pour bénéficier du rendement maximum :

 - pour les mutlifilament ou le boyau : autant de fois par an que vous jouez par semaine et maximum 1 ans (ex : si vous jouez 2 fois par semaine, changer le cordage tous les 6 mois, le mieux étant à la sortie de l'hiver et la sortie de l'été car les variations de températures nuisent à la tenue de tension)

 - pour les monofilament : toutes les 20h de jeu maximum avec des copolyesters et toutes les 4 à 6 heures avec des polyesters

 - pour les synthétic gut : toutes les 10 heures de jeu car la tenue de tension de ce genre de cordage est plutôt mauvaise.
 

Préparer son matériel

On a tous en mémoire un joueur qui arrive en tournoi avec sa raquette et sa bouteille d'eau, cassant un cordage et obligé de demander à son adversaire une raquette pour terminer le match... Préparer son sac et son matériel de manière consciencieuse peut vous permettre de mieux jouer ou à défaut au moins de jouer l'esprit tranquille. Voici les quelques incontournables :

 - posséder deux raquettes identiques, de préférence cordée à neuf. Il est important également de changer ses cordages régulièrement pour éviter les pertes de tension et de rendement, en particulier pour les monofilaments.

 - vérifier également l'état de vos raquettes (intégrité du cadre), mais également l'état des grips et surgrips. En effet, une raquette qui tourne dans la main va forcément nuire à la performance. Prévoir éventuellement des surgrip neufs ainsi que des antivibrateurs de rechange en cas de perte.

 - vérifier l'état de ses chaussures (lacets, état de la semelle et état du système d'amortissement). Des chaussures trop âgées peuvent provoquer des blessures au pieds ou aux articulations. Par précaution, une paire de lacet de rechange pourra être utile en cas de casse durant la rencontre.

 - Pensez à mettre dans votre sac une serviette, mais également des tee-shirts et des chaussettes de rechange.

 - L'alimentation et l'hydratation : prévoir des bouteilles d'eau, dont une avec du sirop si besoin pour apporter du glucose, ou éventuellement des boissons pour l'effort. Concernant l'alimentation, gâteaux, fruits, fruits secs ou encore barre céréales feront parfaitement l'affaire.

 - bien vérifier que vous êtes en posséssions des divers documents à fournir au juge arbitre : Licence, certificat médical, carte d'identité et surtout moyen de paiement !!
 

Bien gérer son timing

Arriver à la dernière minutes sur le lieu du match est la pire de choses à faire sur le plan émotionnel et physique. Ainsi, prenez le temps de bien repérer votre parcours pour vous rendre au club et surtout de prendre une marge suffisante pour arriver au minimum 30 minutes avant le début du match. Attention également aux embouteillages potentiels sur la route.

Durant ce laps de temps avant de rentrer sur le court, vous aurez tout le loisir de vous changer si besoin et rentrer psychologiquement dans votre match. Ecouter de la musique, lire un livre, regarder les matchs en court ou se trouver un coin tranquille au sein du club pour se mettre au calme, chacun peut trouver sa recette personnelle pour se sentir au mieux.

Bien sûr je vais vous conseiller d'utiliser ce laps de temps pour vous échauffer : footing léger, corde à sauter, quelques gammes d'athlétismes et des étirements légers vont vous permettre à la fois de mieux rentrer dans votre match, d'éviter les blessures, mais également peuvent servir à évacuer la pression. Pas besoin de beaucoup de temps : 7 à 8 minutes peuvent suffire
 

Définir une stratégie

Il n'y a rien de pire que de commencer son match sans avoir déterminé une stratégie au préalable. Cette stratégie doit prendre en compte deux grands items : se baser sur ses propres forces, mais également tenter d'exploiter les faiblesses de l'adversaire.

Seulement, pour être capable de se reposer sur ses coups forts, encore faut-il les connaître et à regarder certains matchs amateurs, voire même professionnel, ce n'est pas aussi évident que cela. En effet, je ne vous parle pas du jeu que vous prenez-plaisir à jouer, mais de celui avec lequel vous êtes le plus efficace !! Prenez Gaël Monfils par exemple, il prend plaisir à joueur loin de sa ligne et courir dans tous les coins du court mais avec sa force de percussion au service et en coup droit, ne devrait-il pas baser son jeu sur cette qualité et ainsi économiser son physique ?

Et c'est là que le tennis devient compliqué : ce n'est pas forcément le jeu que l'on aime pratiquer qui est le plus efficace ou adapté à sa morphologie : un joueur grand en taille ne sera pas le plus à même de jouer défensivement car aura des soucis à se mouvoir latéralement. Beaucoup de joueur veulent pratiquer un "beau tennis" faits de coups gagnant et basé sur le jeu offensif, mais combien donnent littéralement le match à leur adversaire du fait de trop nombreuses faute directes alors que remettre la balle 2 ou 3 fois sur le coup faible de l'adversaire suffirait à gagner facilement ?

Analyser le jeu de l'adversaire n'est pas facile car demande dans un premier temps de pouvoir analyser rapidement les coups de l'adversaire. En effet, il est rare en match amateur de connaître son adversaire et donc d'avoir des infos sur son jeu comme on peut le voir chez les professionnels. De ce fait, il va falloir instaurer une réelle observation dès l'échauffement en cherchant à faire jouer à l'adversaire tous les types de coups, et surtout dans toutes les variations (hauteur, force, plein centre, un peu écarté, etc...). Ainsi, on pourra déjà se faire une première idée.

Ensuite, les 2 ou 3 premiers jeux du match vont permettre de jauger l'adversaire "en mouvement" car parfois ce n'est pas un coup particulier qui pêche mais un enchaînement (par exemple devoir faire un revers de défense après un grand déplacement, ou encore jouer une balle à contre pied).

Toutes ces données si elles sont bien compilées peuvent vous donner souvent la clé du match et vous permettre de gagner. De plus, le fait d'avoir une ligne directrice peut vous aider à rester focalisé sur ce que vous avez à faire et ne pas perdre le fil du match.


Conclusion

Le match ne commence pas seulement une fois rentré sur le court et peut même facilement se perdre facilement avant de fouler le terrain. En mettant en place une routine d'avant match, vous allez mettre toutes les chances de votre coté afin de faire la meilleure partie possible. Attention, ça ne veut pas dire que vous allez gagner à tous les coups, mais au moins vous serez plus à même d'éviter le "non match".

De plus, beaucoup de joueurs sont en "mort cérébrale" (pour traduire le terme de "brain dead" de Brad Gilbert) sur un terrain et ne joue qu'en réaction. En pensant à la fois à ce que vous faite mais aussi à ce que fait l'adversaire, vous pouvez élaborer une stratégie gagnante basée sur vos coups forts et les points faibles de l'adversaire. 

Si vous réussissez à le mettre en place, vous aurez le droit généralement au : "tu as gagné mais tu n'as rien fait"... Si justement, vous aurez fait tout ce qu'il faut pour gagner. le tennis ne se résume pas seulement à bien jouer soit même,faire déjouer l'adversaire peut être tout aussi efficace.








 

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